La Rese, qui gère l’assainissement dans plus de la moitié des communes de Charente-Maritime, est contrainte de procéder à des délestages d’eaux usées dans le milieu naturel. C’est la seule solution pour soulager les réseaux envahis d’eau pluviale, en grande partie à cause du comportement des particuliers.
C’est une situation inédite pour la Rese, la régie d’exploitation d’Eau 17, qui assure l’assainissement dans plus de la moitié des communes de Charente-Maritime. Face à l’engorgement de ses réseaux, notamment dans la plaine d’Aunis, la Rese doit réaliser des délestages d’eau usée directement dans le milieu naturel. Une quinzaine de communes de la plaine d’Aunis sont concernées le lundi 13 novembre. Des délestages ponctuels concernent également le littoral (vallées et estuaires de la Seudre et de la Charente, île d’Oléron), le plus restreints possible pour limiter les risques sanitaires pour la conchyliculture. Pour cette trentaine de communes, la situation pourrait « durer plusieurs semaines », craint la Rese.
Cette méthode est risquée sur le plan sanitaire, mais la succession d’intempéries depuis un mois l’a rendue nécessaire, promet la Rese, afin de continuer à assurer son service. En cause, bien sûr, les intempéries record enregistrées depuis un mois en Charente-Maritime. Mais aussi les pratiques de nombreux particuliers, qui n’hésitent pas à pomper l’eau pluviale qui a envahi leur cave ou leur jardin, et à la reverser dans le réseau d’assainissement. Une pratique illégale, qui peut donner lieu à des pénalités. Et qui contribue à saturer complètement les canalisations d’eaux usées.
Des eaux usées dans le milieu naturel : « c’est insupportable »
Rue du Gué à Benon, commune de 1.800 habitants dans la plaine d’Aunis. L’odeur ne trompe pas : ce qui sort des deux pompes installées par la Rese, ce sont des eaux usées puisées directement dans le réseau d’assainissement et déversées dans un fossé. Un crève-cœur pour le directeur de la Rese, Jean Biechlin : « c’est insupportable, mais on n’a pas d’autre choix quand on a plusieurs dizaines, voire centaines de familles en difficulté, si on veut qu’elles puissent rester chez elles. Mais environnementalement parlant, ça n’est pas acceptable. »
La solution est pourtant validée par la préfecture. C’est que ce weekend, plusieurs rues du village ont été envahies par les eaux usées, « avec les bouches d’égout qui se sont dégondées, précise le maire, Christophe Vinatier. Les rues ont été envahies d’eau d’assainissement, avec donc des excréments au pied des habitations, sur la voirie. Dans les maisons, ce sont les toilettes qui ont commencé à déborder, même chose dans les salles de bains. » Même l’Ehpad du village a été concerné. De quoi transformer rapidement la vie en enfer.
Appel au sursaut citoyen
Christophe habite rue du Gué, l’une des plus touchées de Benon. Mais ici, le phénomène revient en fait régulièrement après de fortes pluies. « J’embauche à 6 h, raconte Guillaume, riverain désabusé, il y a parfois des écoliers qui marchent dans les excréments. » Preuve que les intempéries n’expliquent pas tout. « Pour moi il y a autre chose », assure Guillaume. Cet autre chose, c’est l’eau dite « parasite » : de l’eau de pluie qui n’a rien à faire dans le réseau d’assainissement.
Les origines de cette eau parasite sont multiples, mais le premier responsable, ce sont les usagers eux-mêmes, regrette Jean Biechlin de la Rese : « vous avez des personnes qui ont de l’eau dans leurs jardins ou dans les caves, ils mettent des pompes en marche chez eux. Ils les transfèrent dans le réseau d’eaux usées. Et les administrés qui sont en point bas subissent les désagréments. » D’où un appel au sursaut citoyen, d’autant que de fortes pluies sont encore attendues ces prochains jours. La Rese qui distribue également régulièrement des pénalités, lorsqu’un usager est pris sur le fait à plusieurs reprises. Ce « forfait fraude au service » est de 350 euros HT pour chaque infraction, et les habitants touchés par ricochet peuvent aussi engager des poursuites.
En cas de difficulté, la Rese est joignable à tout moment. Coordonnées nuit et weekend : 06.46.93.19.19.
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