Turbulences et démissions au conseil municipal de Maraussan : élections à venir

Politique

Deux assistants municipaux de la ville de Maraussan, située dans l’Hérault, ont transmis leur lettre de démission à la sous-préfecture de Béziers. Par ailleurs, cinq membres du parti d’opposition sont sur le point de suivre la même démarche. D’autres représentants politiques avaient précédemment entamé un processus similaire, afin de manifester leur mécontentement vis-à-vis des problèmes relationnels avec le maire actuel, Serge Pesce.

Qu’est-il en train de se passer à la mairie de Maraussan, au nord de Béziers ? Les démissions au sein du conseil municipal se succèdent les unes après les autres. Deux élus de la majorité ont récemment envoyé leur lettre de démission à la sous-préfecture de Béziers. Anne-Marie Bouchieu, 2e adjointe en charge de l’action sociale, et Jean-Luc Vila, septième adjoint en charge des actions citoyennes, attendent désormais que leurs démissions soient entérinées par l’État. Cela ne devrait être qu’une question de jours.

Sept adjoints démissionnaires en trois ans

Ils ne sont pas les premiers à vouloir quitter la majorité de Serge Pesce, élu pour un troisième mandat en 2020 : cinq adjoints les ont déjà précédés. Le maire socialiste semble de plus en plus isolé. Pour enfoncer le clou, cinq élus de l’opposition s’apprêtent également à jeter l’éponge, notamment Marlène Puche, tête de liste « Maraussan pour tous ». Si cela se confirme, les électeurs retourneront aux urnes plus tôt que prévu. Avec un tiers des élus en moins, le conseil municipal serait alors dissous par la préfecture de l’Hérault.

Lors du précédent mandat 2014-2020, Marlène Puche était dans la majorité du maire actuel. « À l’époque, c’était déjà compliqué », explique cette Maraussannaise de naissance à France Bleu Hérault. « La situation est aujourd’hui intenable et catastrophique au sein de son équipe et au sein même de la mairie. Il y a une détresse totale. Le maire prend ses décisions en solitaire, en tête-à-tête avec lui-même. Il enchaîne les erreurs avec des choix douteux dans ses investissements municipaux. La désorganisation au sein même de son équipe n’est pas des moindres. Sept adjoints ont déjà démissionné depuis le début du mandat en trois ans. 14 élus ont quitté son groupe. C’est énorme. Il décide seul. Il est persuadé d’avoir toujours raison. Alors il n’écoute plus les autres finalement. »

« Cette situation m’attriste pour le village de Maraussan »

« C’est désolant pour mon village », déplore l’élue. « J’y suis née. Mon père et ma grand-mère aussi. Les finances se sont dégradées. La gestion du personnel est chaotique. Il y a eu quatre directeurs généraux des services depuis 2019. Il y a une perte de repères, une paire de référence pour les agents et aussi une perte de connaissance et d’information pour les élus. »

Dans deux courriers envoyés au préfet début octobre, le groupe d’élus «Maraussan Pour Tous» manifeste son inquiétude sur la gestion de la commune de Maraussan, dénonçant par ailleurs des irrégularités de fonctionnement.

Quatre DGS en quatre ans

Brigitte Soulet, l’ancienne première adjointe, partage ce point de vue. Cette ancienne avocate a démissionné en août 2023 en raison des dissensions avec le premier magistrat de la ville. Elle faisait déjà partie de l’équipe précédente, mais n’était pas adjointe : « Je ne pouvais plus rester dans cette majorité. Une perte de confiance. Chaque décision était prise sans aucune concertation préalable, sans aucun moyen, aucune possibilité de s’exprimer. Il y a vraiment un problème de personne. Il n’y avait plus de véritable travail en équipe. Dans le précédent mandat, je ne me suis pas aperçue de ces difficultés. Je n’avais pas ces fonctions. C’est un maire qui dirige seul. J’ai aussi constaté des irrégularités, des dysfonctionnements dans les services. Beaucoup de services ont du mal à fonctionner. Il n’a rien voulu entendre lorsque je lui en ai fait part. »

Candidat à sa propre élection en cas de nouvelles élections

Le maire de Maraussan ne se reconnaît pas dans les critiques prononcées à son encontre : « J’ai pu être maladroit ou faire des erreurs. Mais vous savez, j’entends autant de personnes qui disent que je décide de tout, que de personnes qui me disent également que je ne décide pas assez. Je prends toujours le temps de la réflexion, avant de décider. Je ne décide pas seul comme on veut bien le laisser entendre. Et je ne m’occupe pas de tous les dossiers. C’est faux. »

« Je ne me réjouis pas de ce climat » – Serge Pesce

« Je ne m’imaginais pas traverser des turbulences comme celle-là », confie Serge Pesce. « Ce troisième mandat a commencé à l’aube de la Covid. Ce n’est pas simple. Contrairement à ce qui est dit, les élus démissionnaires ne l’ont pas fait uniquement pour des raisons politiques. Deux d’entre eux ont exprimé ce motif. Les autres ont eu des considérations personnelles. Quant aux problèmes relationnels, oui, je peux en avoir avec des élus, mais pas avec mon personnel. Je ne me retrouve pas dans tout ce que l’on me reproche. Je n’ai rien à dire sur la vie administrative des agents, des DGS ou d’autres collaborateurs. Je respecte la situation médicale de chacun et l’arrêt maladie récent de mon DGS au début du printemps. »

En cas de nouvelles élections, Serge Pesce n’exclut pas d’être candidat à sa propre succession. « Je n’ai pas l’habitude de quitter la partie en cours de jeu, ni de ne pas traverser la rivière quand on est au milieu du gué. » Même s’il ne le dit pas ouvertement, Serge Pesce sera candidat à sa propre succession.

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